Lorsqu’un objet en bois est amené à être utilisé à table ou en cuisine, la question de la finition à utiliser en cas de contact alimentaire n’est pas si simple… Qu’il s’agisse de planche à découper, d’assiette, de bols ou de couverts en bois, une fois l’objet achevé et bien poncé, on veut tous une finition belle, résistante et non toxique ! Nous allons donc vous présenter dans cet article les finitions les plus utilisées pour la vaisselle en bois devant être soumise à divers contacts alimentaires.
Les huiles
Il s’agit de la finition la plus courante. Elles sont faciles à appliquer et il est assez simple de ré-appliquer une nouvelle couche au besoin. Pour le mode d’application des huiles, on pourra se référer à cet autre article du blog concernant l’huile de lin. La finition huilée permettra une protection minimale du bois contre l’eau et les divers contacts alimentaires ; suivant l’huile, elle colore aussi légèrement le bois avec une teinte tirant généralement vers le jaune (on pourra se référer à l’indice Gardner de l’huile). La finition huilée a aussi la particularité de laisser un fini relativement « perméable » aux échanges gazeux, ce qui permet au bois d’absorber et d’évacuer naturellement l’humidité.
L’inconvénient principal des huiles est leur non résistance aux divers coups de couteaux et autres attaques du même genre. D’un autre côté, c’est aussi ce qui fait le charme des objets en bois usés par le temps : on obtient un fini unique, naturel et patiné. Si on veut conserver l’objet intact, autant ne pas l’utiliser et le laisser dans une vitrine ou utiliser des assiettes conventionnelles en céramique.
Les huiles siccatives
Parmi les huiles siccatives les plus populaires, on trouve l’huile de lin, l’huile de bois de chine et l’huile de chanvre. Ces huiles ont toutes la propriété de sécher et de laisser une fine pellicule protectrice une fois sèches. On veillera à les appliquer en plusieurs fines couches et à bien essuyer l’excédent à l’aide d’un chiffon. Entre chaque couche, ne pas oublier d’attendre que la couche précédente soit bien sèche (cela dépend des huiles).
Attention, certaines huiles contiennent des siccatifs toxiques afin d’accélérer le temps de séchage. On veillera donc à bien se renseigner sur la composition de l’huile utilisée.
Les huiles dites « alimentaires »
On pourrait être tenté d’utiliser de l’huile d’olive ou d’autres huiles utilisées dans l’alimentation courante (huile de tournesol, huile de pépin de raisin ou autres …). Le problème de ces huiles et qu’elles ne sèchent pas (on dit qu’elles ne sont pas siccatives). Elles ont plusieurs inconvénients. D’abord, comme elles ne sèchent pas, l’objet va vite devenir collant (surtout si plusieurs couches épaisses sont appliquées). Ensuite, l’huile risque de rancir au fil du temps.
On pourra leur préférer des huiles dites « semi-siccatives » qui sont un compromis entre ces huiles qui ne sèchent pas et les huiles siccatives citées plus haut. L’huile de noix est une de ces huiles.
L’huile dure (ou scandinave ou danoise)
Le compromisL’huile dure est un compromis entre les finitions filmogènes et les huiles « naturelles ». Elles sont généralement plus siccatives que les huiles évoquées précédemment (parfois avec l’adjonction de siccatifs toxiques) et plus résistantes (résines ou cires végétales pour les plus naturelles). Privilégiez les huiles de ce type les plus naturelles possibles (examinez attentivement la composition).
Entretien
L’entretien de la finition consiste à appliquer de nouveau une fine couche d’huile régulièrement (cela dépend de l’usage que l’on a de l’objet en bois). Si la finition ne convient plus ou si l’on souhaite en changer, l’huile a aussi cet avantage de pouvoir être supprimée facilement (cristaux de soude et laine d’acier devraient aider).
- Pour l’entretien courant, après utilisation de la vaisselle en bois, un rinçage à l’eau chaude et un coup de brosse devraient suffire (un peu comme le nettoyage des poêles en fontes ou en tôle d’acier).
- Comme toute vaisselle, n’attendez pas trop après utilisation car les aliments ont tendance à être plus difficile à retirer une fois secs. Si certains aliments restent collés, frotter l’objet en bois avec un peu de sel que l’on utilisera pour son côté abrasif doux.
- N’abusez pas du liquide vaisselle si vous vous en servez (l’huile, même de finition, est un corps gras). Ne laissez pas non plus tremper vos ustensiles en bois dans l’évier et ne les mettez pas dans le lave vaisselle.
Vernis et autres finitions filmogènes
Le problème des finitions filmogènes (outre leur composition bien souvent peu naturelle… ) et qu’une fois qu’elles sont endommagées (traces de couteaux …), d’une part les traces sont très visibles, d’autre part, contrairement à une finition huilée, elles sont difficilement réparables. On préférera donc réserver une finition de ce type à un objet exposé qui ne subira pas de contacts alimentaires. On peut aussi utiliser ce type de finition protectrice pour les objets qui contiendront des aliments secs (sucre, riz, petits gâteaux …).
Si vous n’aimez pas l’aspect brillant laissé par ce type de finition, vous pouvez frotter de la laine d’acier 0000 sur la dernière couche afin d’avoir un aspect plus mat.
Et pourquoi pas aucune finition ?
Finition la plus simpleParce-que c’est de loin la solution la plus simple 😉
Cette « non finition » est particulièrement adaptée pour les bois très denses et peu poreux comme l’érable, le bouleau, le cerisier ou l’olivier.
Par contre, il faudra respecter quelques consignes pour que vos objets en bois restent le plus longtemps possible en bon état :
- Quand vous faites la vaisselle, ne les laissez pas tremper dans l’eau.
- Ne mettez pas vos objets en bois dans le lave vaisselle ou le micro-onde.
L’entretien sera le même que pour les finitions huilées.
Réglementations concernant le contact alimentaire
Ceux qui voudraient commercialiser leurs créations, pourront avoir voir de détails concernant les réglementations relatives au contact alimentaire avec le bois sur le site contactalimentaire. Se rendre dans la rubrique Réglementation puis Par matériau et enfin Bois. Vous pouvez aussi y accéder directement depuis ce lien.
Sources
« Finishes for Foodware » par Mike Mahoney dans FineWoodworking 201
Vous parlez de l’huile de lin dans les finitions alimentaires. Toutes les huiles de lin ont-elles cette qualité ? permettez-moi d’en douter.
Dans les huiles de table, il en est une que vous n’avez pas cité et qui pourtant est d’un usage courant. Il s’agit de l’huile de colza qui est siccative naturellement et qui remplit très bien sa mission de finition.
Il faut aussi préciser que l’huile d’olive, si elle donne un bel aspect au bois a la désagréable propriété de rancir…donc à éviter.
Bonjour,
Merci pour votre retour d’expérience. Effectivement, comme indiqué dans mon article sur l’huile de lin, celles achetées en grande surface de bricolage ne sont généralement pas de grande qualité. Il existe des distributeurs qui proposent de l’huile de lin de meilleure qualité. Concernant l’huile de colza, je ne l’utilise pas. Dans un autre article sur la siccativité des huiles, je parle de l’indice d’iode qui permet de savoir si une huile est plus ou moins siccative. L’indice d’iode de l’huile de colza est situé entre 97 et 100 ce qui est bien inférieur à l’huile de lin (170 – 204). Sinon l’huile d’olive est effectivement à éviter comme indiqué dans le paragraphe sur les huiles dites alimentaires.
Pour confirmer votre propos :
Je sais que l’huile de colza peut être utilisée pour un ancien moteur diesel. Par contre, l’huile de lin, c’est une catastrophe. La raison : la siccativité que vous évoquez. L’huile de colza l’est suffisamment peu.
Bonjour,
Je viens de créer des bols en bois d’olivier. Ce sont des bols qui sont destinés à contenir des aliments et boissons chaudes.
Me conseillez-vous de les laisser « au naturel » ? Vu qu’il s’agit de bois d’olivier, ou vaut-t’il mieux ajouter une protection à l’huile de lin tout de même ?
Bravo pour votre article. Je l’ai trouvé très bien fait et instructif.
Cordialement,
Anaïs
Personnellement, je les laisserai au naturel. Il faut juste faire attention à ne pas les laisser tremper trop longtemps dans l’eau et éviter le lave vaisselle. Le bois d’olivier est magnifique pour la création d’ustensiles de cuisine !
Bonjour, je me permet de vous contacter à propos d’une cire faite maison, j’aurais voulu vous demander votre avis.
J’ai fabriquer une cire à bois en mélangeant de l’huile alimentaire (250ml) avec de l’huile de lin (250ml) et pour finir 500g se cire d’abeille. Ça me donne une cire assez compacte mais j’en suis satisfait. Je l’utilise principalement pour des objet de décoration en bois. Pensez vous que cela est toxique pour des cuillère en bois ou spatule ? Par rapport à l’huile de lin, je contraste que beaucoup de bouteilles contiennent sur l’emballage « produit non-alimentaire » puis-je avoir votre avis ?
(J’ai vu des menuisier professionnel utiliser de l’huile de lin pour proterger des tables pour manger)
En tout cas, bonne continuation pour le blog. Super travail et merci beaucoup
Kevin
Bonjour,
Beaucoup de bouteilles d’huile de lin contiennent effectivement sur l’emballage « produit non-alimentaire ». Ceci est spécifié afin d’éviter que des personnes ne rajoutent ce type d’huile … dans leur sauce salade par exemple (l’huile de lin peut être consommée aussi comme huile d’assaisonnement mais elle ne s’achète pas en grande surface de bricolage !).
Personnellement, je n’utiliserai pas de cire sur mes cuillères en bois (l’eau en viendra vite à bout de toute façon).
Vous pouvez, comme suggéré dans l’article, utiliser soit des huiles siccatives, soit ne rien mettre !
Le principal pour les couverts en bois étant d’éviter le contact prolongé avec l’eau.
Merci pour vos compliments !
Pour l’étiquette « produit non alimentaire » cela peut être aussi parce que les procédés d’extraction de l’huile sont susceptibles de laisser des résidus toxiques. Les normes pour faire de l’huile de lin alimentaire et pour de l’huile de lin « magasin bricolage » ne sont pas les mêmes. Dans le doute, j’achèterais de l’huile « garantie comestible ».
Bonjour, et tout d’abord merci pour votre post.
J’ai fait une petite tasse en noyer pour ma fille et j’hésite sur la finition … J’étais parti sur de l’huile d’olive au début mais vous m’en avez dissuadé… Je pense donc mettre de l’huile de lin, mais faut t’il l’utiliser pour, ou avec de l’essence de térébenthine ?
Par couché ou par immersion ?
Merci
Bonjour,
Pour utiliser une huile siccative (lin, chanvre, huile de bois de chine), il n’est pas obligatoire d’utiliser de l’essence de térébenthine. Je vous propose de lire l’article sur l’huile de lin. Vous pouvez par exemple chauffer l’huile. Ou même juste appliquer l’huile avec un chiffon de façon à ce que la couche sous la plus fine possible. Il faudra surtout veiller à attendre suffisamment longtemps que l’huile sèche (je recommande 5/7 jours).
Vous pouvez aussi ne mettre aucune finition : cela reste la solution la plus écologique / économique et la moins toxique 😉
Merci pour votre réponse !
J’ai déjà fait des cuillères en buis et le bois est tellement dense que je n’ai pas fait de finition.
Mais là, pour une tasse (qui va donc recevoir du liquide) en noyer (je trouve que ce bois « pompe » un peu) je pense quand même faire une finition !
Bonsoir. J ai acheté un billot ancien, il est nettoyé, poncé, je vais l utiliser pour couper les aliments et je ne sais pas quelle finition je dois appliquer.
Pouvez vous m aider ?
S’il s’agit d’un bois dense, vous pouvez le laisser tel quel (poncer à grain assez fin). Sinon une finition à l’huile suffit généralement est n’est pas toxique.
Bonjour, j’ai chiné un vieux moulin à café dans une brocante et je l’ai entièrement nettoyé ;
j’ai appliqué au chiffon de l’huile de Chanvre (une huile alimentaire BIO acheté à Lidl)
Dois-je mettre plusieurs couches ? Si oui, combien de temps dois-je attendre avant de mettre la seconde ?
Et dernièrement, j’aimerai utilisé ce moulin de temps en temps même s’il aura surtout un but décoratif, vu que j’ai appliqué une huile alimentaire, je pense qu’il n’y a aucun danger à consommer le café qui y sera moulu, qu’en pensez-vous ?
Merci par avance
Chouette, le résultat doit être bien sympa ! Ce qui compte avant tout, c’est d’abord de mettre de fines couches (bien essuyer avec le chiffon). Le temps dépendra de l’épaisseur de la couche : plus elle sera fine, plus vite elle séchera. Vous pouvez prendre une lumière rasante pour voir si l’huile est vraiment sèche, sinon attendez le lendemain, cela devrait être bon !
Pas de problème pour l’utiliser pour moudre le café sinon !
A bientôt !
Bonjour,
Tout d’abord merci pour cet article qui est de loin l’un des plus instructifs que j’ai lu jusqu’à présent. Cependant j’ai toujours quelques questions.
Je fabrique des planches à tapas en bois ainsi que des cuillères en bois et j’utilise du noyer du Chêne et du frênes. Ces éléments sont destiné pour un usage quasi quotidien et sont aussi amené à être utiliser pour un contact alimentaire. Dans les phases de tests j’ai utilisé l’huile Starwax pour plan de travail qui garantit la possibilité de l’utiliser pour un contact alimentaire. J’aime énormément la finition de cette huile contrairement à l’huile de lin qui à une odeur très forte et qui jaunit un peu le bois, la seule chose c’est que je n’arrive pas a être sur de la composition de ce produit. Que me conseillez vous ? puis-je continuer à l’utiliser ? est elle nocive ?
Par ailleurs on m’a conseillé l’huile d’amande douce je n’ai pas trop de retour dessus avez-vous un avis sur le sujet ?
Par avance merci pour votre retour !
Justine
Bonjour,
Merci pour vos compliments sur l’article !
Concernant l’huile Starwax, on peut trouver la composition sur la fiche de sécurité sur leur site (personnellement j’aime pas trop car trop « chimique »). Si le jaunissement dû à l’huile de lin vous embête, vous pouvez essayer par exemple l’huile de bois de chine. Ce qui compte le plus c’est vraiment de passer de très fines couches (on n’insiste jamais assez :-).
Concernant l’huile d’amande douce, je vous renvoie à un autre de mes articles sur la siccativité : l’huile d’amande douce a un indice d’iode (environ 96) trop bas, ce qui ne lui permet pas d’être vraiment sec à cœur.
A très bientôt sur le site !
bonjour je suis sur une table en platanes naturel le voudrais savoir si huile de lin et bon
ensuite je vais me faire des planches à découper en platanes l huile de lin suffit aussi merci cdt
Bonjour,
Pas de soucis pour appliquer de l’huile de lin (en fines couches sur votre table). Après au niveau protection, cela dépend de l’usage que vous voulez en faire. Si c’est une table à manger pas trop grande, vous pouvez commander un plateau en verre pour la protéger (c’est ce que j’ai chez moi), elle ne craindra rien. Sinon, avec l’huile de lin seule, elle finira irrémédiablement par subir quelques petits chocs (qui peuvent avoir leur charme). Dans ce cas, il faudra au bout de quelque temps la re-poncer (au minimum, plus si elle est fortement endommagée) et réappliquer de l’huile.
Pour les planches à découper, l’huile devrait suffire.
N’hésitez-pas à nous envoyer quelques photos (avant / après) qui pourraient illustrer l’article avec votre accord !
Bonne journée.
Bonjour, merci pour cet article, il est très instructif.
J’aimerai savoir s’il est possible de changer la couleur d’un bois destiné à de l’alimentaire (planche à découper en hêtre)
J’aimerai un bois plus sombre ou plus gris
Bonjour,
Pour votre planche à découper en hêtre, je déconseille de la teinter (même en teintant le bois avec des peintures « alimentaires » et une couche d’huile protectrice). Les coups de couteaux répétés auront vite fait de révéler la couleur naturelle du bois.
Une solution à tester serait de laisser la planche dehors à l’air libre pendant un certain temps et laisser le bois se griser naturellement (un peu comme le bardage en bois des maisons quand ils ne sont pas protégés). Mais bon cela risquerait de prendre énormément de temps et peut-être que l’humidité serait néfaste à la planéité de la planche …
Il faudrait avoir un éventuel retour de personne ayant teinté leur planche puis apporté une couche d’huile protectrice mais je doute que cela fasse l’affaire.
Tenez-nous au courant !
Bonjour et merci pour ce bel article et les réponses aux commentaires.
Je me permets une remarque : l’essence de térébenthine est très toxique comme l’indique la fiche de toxicité numéro 132 de l’INRS.
Quelqu’un dans un commentaire (Poncet 27/01/2020) demande si il est nécessaire d’ajouter de l’essence de térébenthine à l’huile de lin . Vous répondez simplement que cela n’est pas nécessaire. On fait un mélange pour les meubles mais pour l’alimentaire pas question d’utiliser ce produit classé dangereux.